En juste une année, de 2014 a 2015, le nombre des membres du réseau MIHARI a considérablement augmenté, dû a un intérêt de plus en plus marqué pour les aires marines gérées localement (LMMA). Le réseau est en effet heureux d’accueillir quatre nouveaux partenaires, supportant la gestion locale des ressources marines à Madagascar, et qui s’ajoute au plateforme d'échange d’expertises et de support qui existe déjà au niveau de MIHARI.
Les organismes membres de MIHARI sont très diversifiés. Il y a ceux qui ont une implication dans la mise en oeuvre et le fonctionnement total du LMMA et ceux qui offrent des appuis et des supports pour des thèmes spécifiques.
Dans ce blog, nous vous présentons quatre organismes qui appuient les LMMA, ayant récemment joint MIHARI et qui partagent leurs points de vue et expériences vis-à-vis du réseau.
Le Programme d’Appui à la Gestion Environnement PAGE/GIZ vise l’amélioration des conditions de protection et d’utilisation durable des ressources naturelles de Madagascar par les acteurs clés par le renforcement de leurs capacités et des appuis dans la réalisation des plans de gestion des ressources marines et côtières.
Nous avons reçu Eric Rajaobelina, le conseiller technique en gestion durable des ressources naturelles auprès du GIZ au sein de nos locaux pour un petit entretien.
Comment aviez- vous été intégré dans le réseau MIHARI?
Eric Rajaobelina (ER): J’ai pris connaissance de l’existence du réseau MIHARI par l'intermédiaire de Blue Ventures. J’ai été sollicité pour discuter sur les appuis que la GIZ pourrait apporter en terme de mise en place et opérationnalisation des transferts de gestion des ressources marines et côtières (TGRN). Nos discussions ont ensuite amené vers une invitation pour la GIZ d'intégrer les communautés qu’elle appuie dans le réseau afin de pouvoir élargir les échanges d'expériences en terme de TGRN et d’appuis intégrés aux communautés travaillant dans les écosystemes marins et côtiers.
Quel été votre intérêt a intégrer le réseau MIHARI?
ER: Notre intégration au sein du réseau résulte des diverses expériences partagées par les membres de MIHARI que nous avons vu sur le web. Nous avons remarqué que les activités d'échanges développées dans le cadre du réseau sont assez courantes et efficaces. On voulait que les communautés que nous appuyons bénéficient également de ces échanges et qu’elles puissent aussi à leur tour partager aux autres leurs expériences et leurs bonnes pratiques. Nous avons à ce jour intégré 9 associations communautaires gestionnaires de mangroves au niveau de MIHARI, et qui sont toutes situés à Mahajanga: Amboanio, Ambatomalama, Ambalatany, Tsararivotra, Boanamary, Morahariva, Tanandava, Mariarano et Ambanjabe.
Qu’est ce que le réseau vous a apporté depuis votre intégration?
ER: MIHARI nous a permis d'être informés sur les diverses activités développées par les autres membres, les problèmes et défis qui se discutent concernant les communautés et les mises à jour sur le plan législatif. La première participation de GIZ au forum régional à Mahajanga en septembre 2015 a été une immense opportunité pour nos communautés et nos staffs d’apprendre les bonnes pratiques des autres, mais aussi de partager nos expériences auprès d’eux.
Auriez-vous des recommandations par rapport au réseau?
ER: Nous recommandons à ce que les expériences partagées au sein du réseau soient archivées à travers un manuel ou un ouvrage et les partager aux membres de MIHARI. A part cela, l’un des plus grands défis des communautés LMMA consiste à améliorer leur faible accès au marché qui est à la base de la baisse du prix de leurs produits. Une base de données sur les collecteurs et les exportateurs des produits de la mer est disponible auprès du Ministère du commerce et mérite d'être partagée aux communautés de pêcheurs. Et enfin, on souhaite que les stratégies et objectifs de MIHARI ou des LMMA en général intègrent la lutte contre le changement climatique.
Votre dernier mot?
ER: Les réseaux vivent mieux et plus longtemps grâce au maintien des partages à travers les échanges et communications entre ses membres! Aussi, il est sollicité à toutes et à tous de partager les informations, les bonnes et les mauvaises pratiques, les succès et problèmes pour être encore plus proches et plus productifs.
SAGE a pour mission d'intégrer la dimension environnementale dans le processus de développement. Les objectifs de l’association sont l’appui des acteurs locaux en matière de gouvernance et la gestion durable des ressources naturelles et de la biodiversité marine et terrestre.
Tahiana Razafindralambo, le responsable technique de SAGE nous accorde un interview.
Racontez nous comment aviez- vous été intégré dans MIHARI?
Tahiana Razafindralambo (TR): Une rencontre avec la coordinatrice du réseau lors d’une mission à Antsiranana m’a permis, en tant que responsable technique au sein de SAGE d’entrer en connaissance du réseau et de ses objectifs. En effet nous appuyons des Communautés Locales de Base à Nosy Be qui gèrent des sites sur le littoral (parties terrestres et parties marines) qui peuvent intégrer le réseau, en plus de celles à Toliara qui en sont membres depuis 2013. Cette entrevue m’a permis d’entrer en connaissance des principes et des thématiques du réseau et m’a motivé à intégrer les sites Antanamitarana, Ambatozavavy et Nosy Sakatia parmi les nouveaux membres.
Qu’est ce qui vous a poussé a devenir un partenaire de MIHARI?
TR: Plusieurs raisons ont poussé SAGE à intégrer leurs communautés dans le réseau MIHARI. Nous souhaitions qu’elles bénéficient des échanges d'expériences et surtout de renforcement de capacités, à travers les diverses formations qui pourraient être développées au niveau du réseau. Je suis également convaincu que l'intégration de communautés locales au sein d’un réseau leur permettraient d’exprimer les défis qu’ils rencontrent et leurs aspirations à un niveau plus élevé.
D'après vous, quels sont les avantages concrets du réseau?
TR: Le principal avantage consiste au partage d'expériences entre les LMMA et la possibilité de répliquer ce qu’ils ont appris au sein de leurs LMMA.
Qu’attendez-vous du réseau MIHARI?
TR: Pour mieux satisfaire les attentes des membres du réseau, nous conseillons le développement et le partage d’outils pratiques en version malagasy pour les communautés locales. Ces outils illustreront les problématiques, les expériences vécues, les solutions et les mesures à prendre. Il est également recommandé de renforcer les visites d'échanges entre organismes et communautés.
Pour clore l’entretien, aimeriez-vous passer un message ?
TR: On insiste sur la conception de manuels de procédures de gestion des sites marines et du littoral à partager comme les calendriers de pêche au niveau de différents domaines. D’autant plus qu’on projette d’intégrer certains de nos sites comme sites prioritaires en aires protégées. Il faut également penser aux moyens pour intégrer ces sites dans le SAPM.
- Juillet 2015: Gret - Professionnels du développement solidaire
Le Gret est une ONG française de développement, qui agit depuis 38 ans, du terrain au politique, pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. Ses professionnels interviennent sur une palette de thématiques afin d’apporter des réponses durables et innovantes pour le développement solidaire. A Madagascar, où il intervient depuis 1999, le Gret met en œuvre des projets dans les domaines de la nutrition, du développement agricole, de la gestion des ressources naturelles et de l’accès à l’eau potable et à l’énergie.
Aurelie Vogel, la chargée de projet gestion des ressources naturelles à Madagascar nous partage ses expériences par rapport a MIHARI.
Pourquoi avez-vous intégré le réseau MIHARI?
Aurélie Vogel (AV): Nous trouvons que le réseau a des activités et des objectifs assez innovants qui correspondent bien à nos actions. Il permet à l’ensemble des communautés gestionnaires de LMMA dans tout Madagascar d’échanger sur leurs expériences respectives. MIHARI assure également une meilleure visibilité et le renforcement des voix des communautés côtières à l’échelle nationale. Le Gret a adhéré à ce réseau dans le cadre de son intervention dans la zone périphérique de la réserve de Biosphère de Mananara Nord, dont la zone littorale comprend une fédération de 12 LMMA, dont la création a été accompagnée par WCS.
D'après vous, quels sont les avantages concrets du réseau?
AV: MIHARI facilite l’accès à de nombreuses informations aussi bien sur les activités développées par les autres membres, leurs problèmes et réussites, dans l’appui aux communautés gestionnaires de LMMA, que sur les négociations et changements portant sur le cadre législatif. La mise en place d’un réseau réalisant des actions de plaidoyer permet de renforcer la prise en compte des opinions et des besoins des communautés et dans la mise à jour ce cadre législatif.
Quels seraient vos suggestions sur les améliorations a faire au niveau du réseau?
AV: Nous souhaitons que le réseau intègre dans ses stratégies une meilleure prise en compte des liens forts existants entre agriculture et pêche.
- Août 2015: Azafady
Opérant dans le sud-est de Madagascar, Azafady travaille sur un large éventail de projet de développement et de conservation au sein de district de Fort-Dauphin, dans la région Anosy impliquant plusieurs communautés rurales. En parallèle à cela, leur vision est de promouvoir les besoins de Madagascar au niveau international et d'établir des partenariats pour aider au développement du pays.
Voici donc ce que Emahala Ellis, coordinateur du projet environnement et développement rural au sein de Azafady pense du réseau MIHARI.
Comment avez-vous pris connaissance de MIHARI?
Emahalala Ellis (EE): Notre première collaboration avec MIHARI date d’il y a presque 8 mois où nous avons été invités à participer au forum régional sud, qui s’est tenu du 14 au 16 Août 2015 à Morombe.
Pourquoi avoir intégré le réseau MIHARI?
EE: Nous avons soutenu l'intégration de la communauté de Sainte Luce au niveau du réseau MIHARI car nous pensons qu’en unissant leurs voix, les communautés côtières malgaches auront plus de poids au niveau du gouvernement, en terme de support technique et législatif. A travers un réseau de LMMA comme MIHARI, Madagascar peut également parvenir à une gestion durable de ses ressources marines étant donné qu’une gestion réussie est conditionnée par la collaboration de tous. En outre, nous pensions que cette approche intégrée est une clé importante pour la réalisation de la promesse de Sydney.
Qu’est ce que MIHARI a pu emmené comme changements auprès de la communauté que vous appuyez ?
EE: Suite aux diverses expériences qu’ils ont obtenu des divers forums MIHARI, les représentants du comité Riaky de Sainte Luce ont commencé l’introduction d’un nouveau système de sécurité. La gestion financière transparente est également priorisée. Ils ont aussi effectué des activités de sensibilisation auprès des communautés voisines. Nous pouvons aussi affirmer qu’apprendre des expériences d’autres communautés membres de MIHARI a encouragé les pêcheurs de Sainte Luce à avoir une meilleure perception de la gestion et la conservation durable de leurs ressources.
Qu’est ce qui devrait être renforcé au niveau du réseau?
EE: Nous pensons que MIHARI devrait effectuer plus de pressions et de lobbying sur le gouvernement pour l'élaboration d’un cadre législatif reconnaissant les LMMA à Madagascar. Nous suggérons également que le lieu où se tiendra le forum national ne soit pas trop éloigné car les LMMA n’ayant pas de soutien des organismes d’appui pourraient avoir des difficultés pour assister à ces évènements.
Auriez-vous un message à passer ou juste un dernier commentaire?
EE: Nous sommes encore bien loin d'atteindre nos objectifs finaux et les communautés ont besoin d'apprendre les uns des autres pour leur permettre d'améliorer leur gestion autonome. Merci au réseau MIHARI d’exister. C’est un moyen de canaliser le partage des messages et des expériences entre les communautés de pêcheurs à Madagascar.
Nous remercions nos 4 interlocuteurs pour nous avoir partagé leurs points de vue sur le réseau MIHARI. La porte du réseau MIHARI est toujours grande ouverte pour accueillir les organismes d’appui impliquées dans la gestion locale des ressources marines. N'hésitez pas à nous contacter.