Les communautés de pêcheurs se mobilisent pour leur avenir.
23 ONG officiellement membres. Un mouvement en marche.
Le 6 mars 2018 au Pavé Antaninarenina, à Antananarivo, 23 organisations sont officiellement devenues membres du réseau MIHARI, qui rassemble les communautés de pêcheurs à Madagascar. Pendant cette cérémonie, MIHARI a également présenté les documents officiels de son fonctionnement. Le 7 mars 2018, MIHARI va consacrer une journée à la concertation avec les autres plateformes de société civile à Madagascar. Le but est de mettre en place des efforts communs pour défendre le sort des communautés côtières vulnérables, et notamment pour mettre en oeuvre les motions exprimant les doléances des petits pêcheurs qui ont été adoptées au 4ème Forum National du réseau à Fort-Dauphin en juillet 2017.
Les petits pêcheurs font partie des populations les plus vulnérables au monde. La Banque mondiale chiffre à un milliard le nombre de personnes à travers le monde qui puisent leur besoin en protéines de la mer. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (ou FAO) estime que 80% de la production halieutique mondiale à destination de Ia consommation humaine provient de la petite pêche. La pêche n’a jamais été un si grand enjeu mondial. C’est aussi le cas à Madagascar!
Un mouvement de société civile en plein essor
En 2012, les communautés gérant localement les aires marines ou LMMA ont créé MIHARI (Mitantana Harena an-dranomasina avy eny ifotony) pour regrouper leurs voix et réduire leur isolement. Le dernier Forum National de MIHARI qui s’est tenu à Fort-Dauphin en juillet 2017, a démontré l’essor du réseau en tant que mouvement de société civile.
A ce forum, les 173 communautés de pêcheurs représentées à l’Assemblée Générale ont adressé trois motions au Gouvernement de Madagascar, aux bailleurs, à la société civile ainsi qu’aux ONG œuvrant dans la conservation marine. Ces communautés ont demandé :
-que leurs lois traditionnelles (Dina) soient mieux reconnues par les tribunaux,
-que les efforts soient multipliés dans la lutte contre les engins de de pêche destructeurs,
-et qu’enfin des zones de pêche communautaires exclusives leur soient octroyées pour ne plus subir la pression directe des bateaux de pêches industriels.
En matière de zones de pêches, les petits pêcheurs de Madagascar demandent plus spécifiquement :
-La reconnaissance et l’attribution d’un statut légal aux Aires Marines Gérées Localement par les communautés,
-La promulgation d’une loi accordant aux communautés côtières du pays un droit de pêche exclusif sur une bande littorale à définir selon les régions comme le permet la constitution,
-Le renforcement du contrôle des bateaux de pêche nationaux et étrangers opérant dans les eaux territoriales, en veillant au respect des zones de pêche communautaires et des normes sur les engins et les techniques de pêche.
Deux jours de mobilisation pour l’avenir des communautés de pêcheurs
La réunion annuelle de coordination MIHARI et l’approbation de la Stratégie 2018 se tiennent les 6 et 7 mars 2018. Le premier jour est consacré à la cérémonie officielle d’officialisation de l’affiliation des 23 organisations membres de MIHARI. Ce sont des organisations oeuvrant dans la conservation marine :
Aquatic Service, Asity Madagascar, Blue Ventures, Conservation Centrée sur la Communauté (C3)
Madagascar, Cétamada, Conservation International Madagascar, Comité d’Orientation et de Soutien des Aires Protégées (COSAP) Sahamalaza, Development and Environmental Law Center (DELC), Durell, Fanamby, Gret, Louvain Coopération, Missouri Botanical Garden (MBG), Madagascar National Parks (MNP), Museum National d'Histoire Naturelle (MNHN), Opti’Pousse Haie (OpH), PAGE GIZ, Reef Doctor, Service d'Appui à la Gestion de l'Environnement (SAGE), Sehatra Ampandrosoana Haingana ny Ivom-paritra (SAHI), Sustainable Environment, Education & Development in Madagascar (SEED Madagascar), Wildlife Conservation Society (WCS) Madagascar et World Wildlife Fund (WWF) Madagascar.
Ces organisations ont ainsi ratifié la charte du réseau. Au cours de cette cérémonie a aussi été présenté la Stratégie et les critères de ce qu’on appelle LMMA à Madagascar. Outre la présentation des divers documents préparés et adoptés lors du forum national, cette réunion permet également au réseau de discuter des activités et de son plan d’action pour l’année 2018, notamment pour informer les responsables politiques en amont des élections présidentielles. Et ceci en collaboration avec les autres plates-formes de la société civile comme Tafo Mihaavo, ROHY, Alliance Voahary Gasy et le Réseau Santé Population Environnement.
Ces deux jours permettent au réseau MIHARI de mobiliser toutes les parties prenantes pour faire de Madagascar un modèle en termes de gestion des pêcheries traditionnelles, pour le plus grand bénéfice de la population côtière et du pays tout entier. Le mouvement est en marche!