La crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 n’a pas épargné Madagascar. Des mesures ont été prises par l’Etat afin de faire face à la crise et de contenir la maladie. Ainsi, le pays est en Etat d’urgence sanitaire depuis le 21 mars 2020.
Cela a entraîné des conséquences sur la mobilité de la population, suite à une suspension des vols internationaux, la fermeture des liaisons routières, maritimes et aériennes entre certaines régions de la Grande Île. Et certaines régions ont été contraintes à se confiner.
Aujourd'hui, Madagascar, revient progressivement à “ la vie normale ”. Cependant, les conséquences de la pandémie se font ressentir au niveau de tous les secteurs du pays.
Les communautés côtières et le secteur de la petite pêche subissent également les impacts de cette crise sanitaire.
Pour comprendre les impacts de la pandémie de la COVID-19 sur le secteur de la petite pêche, le réseau MIHARI, en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), a procédé à une enquête auprès des représentants des communautés côtières dont essentiellement les gestionnaires d’AMGL (aires marines gérées localement ou LMMA Locally-Managed Marine Areas) ; et des acteurs du secteur privé ainsi que des représentants de l’administration de la pêche au sein du MAEP.
A propos de l’enquête
Le réseau MIHARI, avec la collaboration du MAEP, a joint au téléphone 100 personnes dont :
- 79 sont des représentants des communautés côtières essentiellement membres du réseau MIHARI ;
- 11 sont des représentants travaillant dans la collecte des produits de pêche dont 7 collecteurs et 4 sont mareyeurs ;
- 10 sont des représentants de l'administration des pêches dont 4 représentants des Centres de Surveillance des Pêches (CSP) et 6 des Services Régionaux de la Pêche et Aquaculture (CSRPA).
Parmi les 79 représentants des communautés côtières et petits pêcheurs :
- 21 sont basés dans la subdivision régionale Nord-Ouest de MIHARI (les régions Boeny, Diana et Sofia) ;
- 22 vivent dans la subdivision régionale Sud de MIHARI (les régions Anosy et Atsimo Andrefana) ;
- 20 sont des acteurs de la subdivision régionale Moyen-Ouest du réseau (les régions Melaky et Menabe) ; et enfin
- 15 sont basés dans la subdivision régionale Nord-Est du réseau MIHARI (les régions Analanjirofo, Sava et Atsinanana).
Le questionnaire dans le cadre de cette enquête ont concerné :
- L’accès à l’information sur la pandémie de la COVID-19 ;
- L’accès aux soins ;
- La chaîne de valeur : la vente des produits, la collecte des produits et les activités de pêche.
Quels sont les résultats de l’enquête ?
Les personnes contactées reçoivent les informations relative à la COVID-19 par :
- La radio pour 80 % personnes enquêtées ;
- Le téléphone pour 44 %.
Pour accéder aux soins :
- 46 % des personnes enquêtées se déplacent à pied pour rejoindre un CSB II ;
- 42 % se déplacement en pirogue.
Pour la chaîne de valeurs :
- 62 % des pêcheurs enquêtés déclarent que la quantité des produits qu’ils vendent ont diminué ;
- 42 % des ménages de pêcheurs enquêtés déclarent que le prix de vente de leurs produits ont diminué ;
- 77 % des acteurs contactés ont déclaré que les activités des collecteurs/mareyeurs ont ralenti.
Par rapport à la vie quotidienne :
- 81 % des ménages de pêcheurs ont déclaré qu’ils sont allé en mer de moins en moins ;
- 70 % des ménages de pêcheurs enquêté déclarent qu’ils dépensent plus qu’en temps normal pour les besoins au quotidien.
Et concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?
Ces enquêtes ont renforcé l’idée que :
- Il est urgent de permettre un meilleur accès à l'information pour les communautés côtières et les petits pêcheurs. En renforçant cet accès aux informations, les communautés, surtout celles enclavées, seront confortées et ne se sentiront pas seules en ce contexte difficile.
- Les mesures appliquées dans le cadre de l’urgence sanitaire à Madagascar comme la restriction des connexions entre les villes, les couvre-feux, et le confinement de certaines régions ont perturbé les activités des petits pêcheurs collecteurs, mareyeurs et des opérateurs économiques.
- La résilience sanitaire des communautés côtières et des petits pêcheurs est faible. Le manque d’accès à l’eau et au savon est une contrainte importante pouvant conduire à une propagation importante de la COVID-19.
Comment le réseau MIHARI, ses membres et les institutions qui travaillent avec lui agissent dans cette pandémie de la COVID-19 ?
Toujours avec l’appui du MAEP, le réseau MIHARI ainsi que d’autres acteurs dont le privé, la société civile et les autres ministères concernés, ont mis en place une commission mixte pour se pencher sur la résilience des communautés côtières face à cette pandémie.
Plusieurs actions sont en cours dans la mise en ouvres d’un plan d’action ayant pour objectifs, en autres, de :
- Renforcer l'accès et la compréhension des informations sur la COVID-19 ;
- Renforcer la résilience sanitaire des communautés côtières,
- Relancer les activités des petits pêcheurs (dépendance, instabilité des prix, etc.)
- Faciliter l'écoulement des produits
- Faciliter l'accès aux PPN
- Promouvoir le développement durable
- Plaidoyer à effectuer en faveur des communautés de pêcheurs auprès des autorités (députés, chefs de région, etc.)
Les représentants des communautés côtières s’adaptent à la nouvelle technologie. Ici, le Président régional de la subdivision régionale Nord-Est, Velozandry Freddy, assiste à une réunion Zoom depuis Maroantsetra.
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Télécharger l’intégrale de l’enquête mené par le réseau MIHARI et le MAEP
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