COMMUNIQUE DE PRESSE MIHARI
Plus de 100 leaders issus des communautés de pêcheurs dans tout Madagascar sont de retour dans leurs communautés respectives après avoir participé au forum national MIHARI à Mananara, et en emportant avec eux des messages importants et des leçons apprises pour la gestion de leurs ressources naturelles.
Le réseau MIHARI (MItantana HArena an-dRanomasina avy eny Ifotony) est une plateforme regroupant les leaders communautaires, la société civile et les autorités engagés dans la promotion de la gestion locale des zones marines et côtières à Madagascar à travers les « Locally Managed Marine Areas » ou LMMA (aires marines gérées localement).
Les LMMAs sont des zones littorales où les communautés locales se trouvent au premier plan pour la conception et l’application des règles dans la gestion des ressources dans la zone en question. Le concept a été développé en premier lieu au Fidji et s’est depuis répandu dans plus de vingt-cinq pays à travers le monde.
Depuis que la première LMMA a été mise en place à Madagascar il y a près d'une décennie, le concept a rapidement pris de l’envergure. Actuellement, plus de 100 associations communautaires se sont engagées dans la gestion des zones marines et côtières, incluant les forêts de mangrove. A ce jour, plus de 11% du plateau continental de Madagascar est soumis à la gestion locale.
Le Forum national MIHARI 2015 a été honoré par la présence de représentants de trois Ministères clés impliqués dans le domaine marin, notamment le Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche (MRHP), le Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie, de la Mer et des Forets (MEEMF), et le Ministère d’Etat en charge des Projets Présidentiels, de l’Aménagement du Territoire et de l’Equipement (MEPATE).
Lors de la cérémonie d’ouverture du Forum, Samueline Ranaivoson, Directeur de la valorisation de l’environnement et des ressources halieutiques au sein du MRHP a mentionné que : « Avec une longueur approximative de 5,600 km, il n’est pas facile d’assurer la gestion des côtes de Madagascar. De ce fait, le MRHP reconnait la nécessité d’impliquer les communautés de base dans la gestion durable de la pêche. Leur contribution dans la gestion de la pêche joue un rôle important dans le bon équilibre des ressources du pays . C’est d’ailleurs pour cette raison que la législation sur la pêche et l’aquaculture actuelle met en valeur la gestion et la surveillance communautaire. »
Olivier Ramilison, le coordonnateur de la cellule de coordination et de la planification du territoire maritime au sein du MEPATE a quant a lui affirmé que : « Il est important que les utilisateurs du territoire maritime travaillent tous ensemble pour assurer sa bonne gestion. Le MEPATE est d’ailleurs en ce moment en pleine élaboration d’une politique axée sur la gestion du territoire maritime malgache. […] Nous réitérons nos remerciements au réseau MIHARI de nous avoir invité a ce forum national. Cela nous a permis de soulever les grandes lignes de collaboration qui nous attends dans le futur. »
André Tahindro, Directeur General de la Mer au sein du MEEMF s’est prononcé : « Nos écosystèmes marins et côtiers sont parmi les plus productifs mais également les plus fortement menacés […]. La bonne gestion de ses zones et donc primordial pour assurer la sécurité alimentaire des populations côtières et pour lutter contre la pauvreté. Les AMPs à gestion communautaire ou des LMMAs présentent plusieurs avantages par rapport aux aires marines protégées classiques à gouvernance étatique dans la mesure où les LMMAs engendrent une forte appropriation et motivation de la part des communautés locales concernées conduisant à une gestion locale efficace. En outre, elles sont plus économiques et faciles à répliquer. Enfin, l'approche LMMA s'inscrit dans la politique de gestion de proximité favorisée par les autorités actuelles. »
Les conclusions et les messages clés issus du Forum comprennent: (i) l’engagement du gouvernement pour l’élaboration d’une nouvelle législation qui reconnaitra officiellement les LMMAs et garantira le droit aux pêcheurs traditionnels pour la gestion des ressources marines; (ii) la priorité pour les membres MIHARI de construire un réseau durable avec les communautés au premier rang; et (iii) la nécessité pour MIHARI de renforcer sa présence pour l'année prochaine dans les régions importantes concernées par le réseau dans le but de mieux soutenir les échanges entre les gestionnaires des LMMAs.
Vatosoa Rakotondrazafy, coordinatrice du réseau MIHARI a déclaré que: « Nous avons été ravis de voir les discussions intéressantes se développer entre tous les parties prenantes tout au long du forum. Les pêcheurs étaient heureux d'avoir eu l'occasion de soulever des questions importantes aux représentants du gouvernement. Les discussions ont surtout porté sur les conflits avec le secteur de la pêche industrielle et les industries extractives, la pêche illégale, la législation nationale pour les espèces clés et le partage équitable des avantages découlant de la pêche. Nous avons hâte de faire avancer ces thèmes avec les décideurs politiques et de travailler ensemble pour accroître le soutien pour les gestionnaires locaux des ressources naturelles. »
Actuellement, la gestion des ressources marines a une place importante dans la politique nationale du pays. Cela se traduit en partie par l’engagement fait par le Président de Madagascar lors du Congrès mondial des Parcs à Sydney, consistant à tripler le nombre des Aires marines protégées. Lors d’une réunion avec le Gouvernement organisée par le réseau MIHARI le 08 Juin 2015, les LMMAs ont été considérées comme étant une des options à honorer cet engagement.
Pour la première fois, des experts venant du Réseau international des LMMAs ont pris part au forum. Les participants se sont inspirés des expériences de la gestion communautaire dans la région Asie-Pacifique pour conseiller les membres MIHARI sur l'intégration de la gestion locale dans la politique, et sur la possibilité de soutenir les LMMAs à travers le réseau.
Alifereti Tawake, membre du conseil du réseau international des LMMAs et membre actif dans le réseau de Fidji a déclaré: « Je suis honoré d'avoir été en mesure de prendre part au forum de réseau MIHARI cette année. J’espère que notre expérience face aux défis similaires dans d'autres régions pourrait vous aider à aller de l'avant sur la bonne voie.
« À Fidji, nous sommes fiers d'être en mesure de dire que l'expansion des LMMAs a été le facteur clé pour permettre au gouvernement d'atteindre une promesse faite en 2005 de placer 30% des eaux côtières de Fidji sous gestion. En fait, maintenant près de 80% de la zone côtière de Fidji est bien gérée grâce aux LMMAs. Ce modèle a été répliqué, et les LMMAs sont maintenant reconnues pour fournir la base fondamentale pour la gestion des pêches côtières au Fidji et les pays insulaires du Pacifique environnants, offrant des bénéfices essentiels pour les populations locales et la sauvegarde de l'environnement marin. Je suis heureux de dire que, de ce que j’ai vu, Madagascar est sur la bonne voie, et j’espère que nous pourrions continuer à échanger et soutenir Madagascar à atteindre ses objectifs. »
- Pour plus d’informations veuillez contacter Vatosoa Rakotondrazafy, Coordinatrice du Réseau MIHARI : [email protected]
Notes :
- Le forum MIHARI été rendue possible grâce au généreux soutien financier du John D. and Catherine T. MacArthur Foundation. Un soutien supplémentaire a été fourni par la Commission de l'Océan Indien et un certain nombre d'autres bailleurs de fonds.