De Vatosoa Rakotondrazafy, coordinatrice du réseau MIHARI
En Novembre 2014, lors du Congrès Mondial des Parcs à Sydney, Son Excellence Monsieur le Président de la République de Madagascar Hery Rajaonarimampianina a annoncé son ambitieux engagement à tripler la surface des aires marines protégées du pays dans les dix prochaines années. Cet engagement présidentiel qui a également été fait par les autres pays participants au congrès des parcs est dorénavant connu sous le terme de “Promesse de Sydney”.
Au niveau de Madagascar, les aires marines gérées localement, plus connues sous le terme de LMMA en anglais ont été officiellement reconnues comme étant une des options intéressantes à considérer dans le triplement. Quelques défis freinent toutefois leur intégration dans la comptabilisation, tels que l’inexistence de cadre législatif spécifique pour la gouvernance de ces LMMAs et les capacités limitées des communautés dans leurs gestions.
Une année s’est écoulée depuis l’annonce de cet engagement présidentiel. La communauté de la conservation marine et côtière à Madagascar a engagé un processus en collaboration avec le gouvernement sur les modalités pratiques de mise en oeuvre de la promesse de Sydney à travers leur regroupement dans un comité de pilotage (COPIL). Le réseau MIHARI a eu l’opportunité de joindre ce comité. En tant que coordinatrice de MIHARI, j’ai été honorée de représenter la voix de 128 communautés gestionnaires de LMMA et leurs organismes d’appui lors de la première réunion du COPIL qui s’est tenue le 18 février 2016. L’objectif principal de l’intégration de MIHARI dans le COPIL est de plaider pour la cause des LMMA afin que leurs potentiels dans la concrétisation de la promesse de Sydney soient reconnus. Il est aussi sollicité la nécessité de prendre en compte les expériences des gestionnaires de LMMA et les réalités sur terrain dans les initiatives et les prises de décisions, afin que la Promesse de Sydney puisse renforcer l’appui aux LMMA.
En effet, les LMMA peuvent être considérées de nos jours comme l’un des piliers de la gestion des ressources marines et côtières à Madagascar. On peut affirmer qu’elle comble abondamment le manque de ressources humaines pour la gestion des 5600 km de côtes malgaches. A travers les LMMA, les communautés sont au centre des décisions, constituent les acteurs principaux dans la gestion de leurs ressources et sont au premier rang dans les consultations et les diverses activités développées au niveau de l’aire marine qu’elles gèrent. La proximité des communautés par rapport aux LMMA qu’elles gèrent amène par ailleurs chez ces dernières un esprit d’appropriation et qui les motivent dans la protection et la préservation de leurs ressources.
Couvrant à elles seules plus de 12 000 km2 de la superficie des côtes malgaches, ces LMMA ont un fort potentiel pour la concrétisation de la promesse de Sydney, sans tenir compte de leur facilité d’extension géographique et la plausible intégration de nouvelles LMMA dans les prochains mois à venir. Cependant, à part les cinq sites au sein de MIHARI qui ont obtenu un statut de protection définitive en tant qu’aire marine protégée, le reste des LMMA sont gérées soit par le Dina, soit par le transfert de gestion des ressources naturelles (GELOSE). Avec ces cadres spécifiques, ces derniers ne sont pas encore compatibles avec l’objectif 11 de Aichi, notamment la mise sous protection de 10% des aires marines et côtières et ne peuvent de ce fait pas être concrétisées dans l’engagement présidentiel. Mais avec le support technique du gouvernement, surtout en terme de législation, nous sommes optimistes que plusieurs de ces LMMAs peuvent contribuer à l’atteinte de la promesse de Sydney.
Tenant compte de leurs forts potentiels pour contribuer à l’augmentation des surfaces marines sous protection à Madagascar, nous plaidons à ce que les initiatives prises dans le cadre de la réalisation de la Promesse de Sydney puisse renforcer l’appui concret aux LMMA. Ceci permettrait d’ailleurs l’accroissement de leurs efficacités et potentiels pour la gestion des ressources marines et côtières. Nous proposons de ce fait à ce que des mesures soient prises pour faciliter la contribution des LMMA dans cet engagement présidentiel. Il serait primordial que leur légalisation soit priorisée dans l’agenda national du pays, prônant l’approche “bottom-up” et qui tient compte des réalités sur terrain et la consultation de tous les acteurs dans le processus, surtout les communautés côtières. Ceci permettrait la sécurisation des droits d’usage et les droits de gestion des aires marines par les communautés locales, mais assurerait également le renforcement et l’engagement et l’appui du gouvernement vis-à-vis des LMMA. D’ailleurs, ces deux initiatives font partie des aspirations des communautés gestionnaires de LMMA à Madagascar.
La réunion du 18 février peut être considéré comme un succès pour le réseau MIHARI. Je suis plutôt optimiste que l’’appui et le renforcement du support que le gouvernement malgache pourrait fournir aux LMMA à Madagascar, surtout en terme législatif, amènerait automatiquement vers l’efficacité de ces LMMA dans la concrétisation de la promesse de Sydney. MIHARI étant toujours honoré de travailler avec le gouvernement pour l’atteinte de la promesse de Sydney, un engagement commun de tous les acteurs de la conservation marine. La réunion s’est clôturée avec la reconnaissance de la requête de MIHARI pour la facilitation de la « légalisation », « officialisation » et la « reconnaissance » des LMMA afin de les sécuriser et permettre leur comptabilisation dans la promesse de Sydney.