Mobilisation historique des communautés côtières de Madagascar, rassemblées au Forum National MIHARI à Fort-Dauphin. Ces populations revendiquent d’une voix forte leur droit fondamental à exploiter et gérer durablement leurs sites de pêche traditionnels. 500.000 personnes vivent de la pêche à Madagascar, dont 83% sont des petits pêcheurs.
170 représentants des communautés côtières vivant de la pêche, venant de tout Madagascar, étaient réunis à Fort-Dauphin du 27 au 31 juillet pour le 4ème forum national du réseau MIHARI. Ces communautés prennent en main leur destin avec l’appui des ONGs, et mettent en place des Aires Marines Gérées Localement (AMGL, ou LMMA en anglais). Pour la première fois, elles s’expriment à l’unisson et adoptent 3 motions s’adressant au gouvernement mais aussi aux bailleurs de fonds et aux ONGs. C’est une étape importante dans la mobilisation de la société civile à Madagascar.
Ces trois motions ont été préparées par les communautés au sein du réseau MIHARI, à l’occasion de plusieurs concertations régionales et du forum national, rassemblant, au total les voix de plus de 400 pêcheurs tout le long des côtes malagasy. Elles ont été adoptées à l’unanimité en présence du Directeur Général du Ministère des Ressources Halieutiques et de la Pêche, le 31 juillet 2017.
Les communautés côtières demandent solennellement au Gouvernement de Madagascar de leur accorder un droit de pêche exclusif le long de la bande littorale, comme c’est souvent le cas dans les autres pays du monde. En effet, elles subissent actuellement une pression des bateaux de pêche industriels qui entrent en compétition directe dans l’exploitation de leurs ressources et contribuent largement à la dégradation des écosystèmes fragiles.
Les communautés demandent également des mesures fortes pour réduire l’impact des engins de pêche destructeurs, en grande partie responsable de la baisse des stocks halieutiques côtiers et de la dégradation des habitats sensibles. En particulier, le mauvais usage des engins de pêche les plus destructeurs, telle que les moustiquaires, doit être éradiqué par un effort conjoint.
Enfin, elles demandent que leurs dina (loi communautaire) sur la gestion des ressources marines soient mieux reconnus et homologués plus rapidement. Ces textes sont en effet reconnus comme un outil efficace pour garantir la bonne gestion des Aires Marines Gérées Localement.
Ces textes préparés avec sérieux contiennent des propositions directement utilisables. Elles représentent un effort considérable des communautés locales, démontrant la vivacité de la société civile de Madagascar. Les communautés et l’ensemble du réseau MIHARI seront vigilants sur les suites données. Elles souhaitent poursuivre la collaboration engagée avec les autorités, le Centre de Surveillance des Pêches, les ONGs, les bailleurs de fonds et tous les acteurs, pour trouver des solutions durables au bénéfice des communautés de pêcheurs.
Les 3 motions des communautés de pêcheurs sont accessibles aux liens ci-dessous:
1 - Motion sur les "dina" ou lois communautaires