En tant que partenaire du GEF Dugong and Seagrass Conservation Project, en 2015, le réseau MIHARI a intégré la conservation des dugongs, ou «Lamboara» en malgache, dans sa stratégie nationale. Projet financé par GEF, il a pour mission l'Amélioration de l'Efficacité de Conservation des Écosystèmes marins Soutenant les Populations Globales Significatives de Dugongs dans les Bassins de l’océan Indien et de l’océan Pacifique.
Les Dugongs à Madagascar
Le Nord-Ouest de Madagascar demeure une zone privilégiée pour l’espèce menacée qu’est le dugong car les herbiers marins, sur lesquels ils comptent pour se nourrir, sont encore assez abondants dans cette zone. Bien que cette espèce soit peu connue par la population, elle suscite une grande fascination, et beaucoup considère les dugongs comme étant des animaux sacrés. Cependant les populations de dugongs ont considérablement diminué à cause de plusieurs raisons, tels que la chasse et des prises accidentelles dans les filets.
Comme la chasse de dugongs était monnaie courante par le passé, cela a contribué à donner à l’animal un caractère spécial. Dès lors, un ensemble intéressant de rituels ont été développés pour guider la chasse : deux personnes devaient tuer l'animal; l'un d’eux devait être une figure religieuse traditionnelle; Le corps était caché par un voile parce que l'acte en lui-même était considéré tellement honteux qu'il fallait le cacher des dieux.
Maromina, femme de pêcheur originaire de Sahamalaza, fait partie des quelques personnes que l'équipe de MIHARI a rencontré ayant vu un dugong dans la nature. C’était il y a plusieurs années. Elle donna son avis sur le déclin de l’espèce : «Toutes les parties du corps des dugongs sont considérées comme médicalement importantes dans les coutumes malgaches. Je suis certain qu'outre son goût délicieux, la raison pour laquelle les dugongs sont en danger d'extinction demeure dans son utilité pour la médecine traditionnelle. Les os ont été utilisés pour diminuer les gonflements, leur huile soigne les problèmes d'audition et atténue les points de côtés. J'ai encore un os de dugong dans ma maison que j'utilise pour traiter mon pied enflé.»
Les Dugongs sont particulièrement sensibles aux effets de la surpêche car ils ne donnent généralement naissance qu'une fois tous les 5 ans.
Conservation de dugongs et d’herbiers marins
Le sort du dugong est d’une importance capitale, non seulement parce que les communautés peuvent avoir un rôle majeur dans leur sauvegarde, mais ils peuvent aussi servir d’exemple d’espèces phares dans la promotion de la protection des zones d’herbiers marins. L’herbier marin est primordial pour le cycle de vie et le développement de plusieurs récifs coralliens et les principales espèces de poissons, bien qu’il puisse être difficile de générer de l'enthousiasme dans sa protection.
MIHARI fait partie des 4 partenaires du projet “ The Dugong and Seagrass conservation Project ”, constitué également de Blue Ventures, COSAP Sahamalaza. Globalement, le projet, vise à améliorer l'efficacité de la conservation des écosystèmes marins et des populations mondiales de dugongs dans les bassins de l'océan indien et du Pacifique. Celui de MIHARI se concentre sur 3 composantes :
- L’amélioration de la connaissance sur les dugongs et les herbiers marins à travers Madagascar, à l'échelle local et régional
- La sensibilisation sur l’importance de la conservation des dugongs et des herbiers marins en tant que moyens de subsistances et pour la santé de l'écosystème.
- La mise en place de structures de gouvernance pour les communautés impliquées dans la conservation des dugongs et herbiers marins pour appuyer la gestion locale des aires marines.
Une session spéciale au forum régional Nord Ouest de MIHARI
Les forums régionaux font partie du coeur d’activités du réseau MIHARI et sont organisés chaque année dans les 4 régions où MIHARI opère. Celui du Nord Ouest s’est déroulé du 4 au 8 juillet pour cette année, au sein du parc marin de Nosy Hara, dans la région DIANA. Le parc est considéré comme l'un des fiefs restant de Madagascar pour les dugongs et les herbiers marins. Pour célébrer cela, une journée spéciale consacrée à l'importance de la conservation du dugong et des herbiers a été organisée avec C3 et MNP Nosy Hara le 8 juillet 2016, dernier jour du forum où se sont succédés présentations, divertissements et activités.
« Ce fut la première activité de MIHARI dans l’appui à la conservation des dugongs et des herbiers marins. J'espère que les participants LMMA ont acquis des connaissances théoriques et pratiques sur les stratégies de conservation de toutes ces ressources marines particulières. La prochaine étape consisterait en l'identification des sites prioritaires où MIHARI réaliserait des activités de sensibilisation et d'éducation sur les dugongs, des cartes participatives pour améliorer les connaissances sur les dugongs et les herbiers marins dans le Nord-Ouest de Madagascar, et revoir les Dina qui nécessiteraient l'inclusion de la conservation de Dugong et des herbiers marins.», a déclaré Vatosoa Rakotondrazafy, coordinatrice nationale de MIHARI.
Le forum a été bien placé pour attirer plusieurs personnes car 16900 personnes vivent aux alentours du parc. Le Directeur Régional des Ressources Halieutiques et de la Pêche (DRRHP) de la région DIANA, Sylvie Raharimalala, a souligné dans son discours que l'événement était un excellent moyen pour stimuler les communautés LMMA dans la conservation des espèces clés, ainsi que des ressources marines en général: « Cette journée spéciale apportera succès, motivation et connaissance sur la biodiversité de Nosy Hara. La conservation de la biodiversité et le développement du tourisme écologique constituent un noyau ou un levier pour un développement durable de notre pays.»
D'autres festivités pour célébrer la conservation des dugongs ont été organisées par le membre du MIHARI COSAP Sahamalaza, dans le village de Nosy Berafia, en octobre 2016. Chaque forum offre de grandes opportunités pour partager les meilleures pratiques entre les ONG engagées dans la conservation des dugongs et la gestion des ressources marines.
Jimmy, le président de LMMA Andilamboay, se souvient aussi avoir vu des dugongs dans la mer : « Avant, il était facile de voir des dugongs quand nous allions en mer. Maintenant, nous ne nous attendons pas à les rencontrer. Aujourd'hui, je suis convaincu que nous devrions changer notre comportement envers ce mammifère marin. Si nous en voyons un à nouveau, nous ne le mangerons plus parce que nous savons que c’est une espèce en voie de disparition. »
« Les communautés LMMA sont plus conscientes des menaces pour les dugongs et sont prêtes à changer de comportement. J'ai été vraiment impressionné par le témoignage d'un des représentants LMMA de Nosy Berafia, qui est le fils d'un chasseur de dugong. Aujourd’hui, Il mène des séances d'éducation et de sensibilisation sur les dugongs dans son village », a déclaré Vatosoa Rakotondrazafy après le festival.
La communauté de Nosy Berafia est maintenant prête à travailler main dans la main pour protéger les dugongs.
Maromina promit : « Grâce à ces nouvelles connaissances sur l'importance de sauver des dugongs, je vais agir différemment si je trouve un dugong vendu sur le marché ou si je surprends des pêcheurs capturer cet animal. »
Sensibilisation à l'échelle nationale
Pendant les Journées Nationales de la pêche et de l’Aquaculture (JNPA), MIHARI a saisi l’occasion pour faire de la sensibilisation à l'échelle nationale l’importance des dugongs et les menaces qui pèsent sur eux. En s’adressant aux visiteurs à Antananarivo, il a été constaté que très peu de gens connaissent les dugongs et moins nombreux encore sont ceux qui savent qu’on peut les trouver dans le Nord-Ouest de Madagascar !
Pour attirer l’audience, deux représentations ont été organisées pendant les JNPA, en partenariat avec C3. Pour capter l'attention des adultes et des enfants, une pièce de théâtre ludique sur les pêcheurs a mis en évidence les changements d'attitude à l'égard des dugongs.
Les prochaines étapes
Pour soutenir la conservation des dugongs et des herbiers marins à Madagascar, MIHARI se concentrera sur quatre sites prioritaires qui seront encore a identifier dans le Nord-Ouest Il interviendra egalement dans les sites ou travaillent les partenaires nationaux : Nosy Hara (C3), Sahamalaza (COSAP Sahamalaza), Barrens Islands (Blue Ventures) Bay (WCS).
MIHARI apportera un soutien humain, financier et technique aux partenaires pour des activités d'éducation et de sensibilisation ainsi que pour l'amélioration du Dina des LMMA qu’ils appueint. Certains d'entre eux mènent déjà de telles activités, mais MIHARI pourrait l'étendre à un niveau national. En retour, MIHARI met en place un protocole d'entente (Memorundum Of Understanding) avec les 4 partenaires, ce qui donnerait au réseau l'occasion d'apprendre de leurs méthodologies et approches et ensuite de créer une approche standard qui engloberait toutes les approches utilisées.
Nous croyons que ces trois premiers événements, et les partenariats développés, sont la première étape pour accroître la protection locale. Nous avons vu qu'après une année de sessions d'éducation et de sensibilisation, les communautés LMMA ont une plus grande conscience des menaces auxquelles font face les dugongs et sont plus enclins à changer leur comportement pour les protéger !
Nous tenons à remercier nos partenaires pour leur intérêt et le soutien de nos bailleurs de fonds, y compris GEF par le biais de UNEP dans le cadre du Dugong and Seagrass Project, du Critical Ecosystem Partnership Fund et de la Fondation MacArthur.