Nous sommes en expédition pour mieux comprendre comment les gestionnaires des LMMA de MIHARI travaillent au quotidien. FIMIHARA est une association gestionnaire de la LMMA baie de Ranobe et soutenue par l'ONG Reef Doctor. L’association rassemblant 13 villages s’avère être la zone touristique la plus développée de la région. Elle est située à environ 30 kilomètres au Nord de la ville de Toliara. FIMIHARA signifie Fikambanana Miaro sy Hanasoa ny Ranomasina et que l’on peut traduire par «Association qui protège et améliore l'environnement marin». Sa mission principale est de donner aux petits pêcheurs la possibilité d’exprimer leurs besoins et leurs doléances. L’association planifie et met en oeuvre des projets de développement pour la baie, promeut et dispense des formations sur les techniques de pêche alternative. Et enfin, protège les ressources naturelles de la zone. Jusqu'à présent, le plus grand succès de FIMIHARA a été la création de deux réserves marines, le Massif des Roses et Ankaranjelita. Elles sont ouvertes aux visiteurs et surveillées par des gardes rémunérés par l'association. L'association fonctionne sur les redevances perçues auprès des visiteurs des réserves, ainsi que sur les contributions des opérateurs touristiques de la région. Nous avons visité deux villages, Ifaty et Mangily, qui sont tous deux membres de l’association FIMIHARA. Nous avons discuté avec leurs dirigeants afin de comprendre la structure de l'association, les défis auxquels elle est confrontée et comment l'association y fait face. Nous avons également exploré les succès et les pratiques de l'association dans la protection et l'utilisation durable de ses ressources.
Les citations incluses dans ce texte proviennent directement des personnes interrogées. Les modifications qui ont été apportées à la traduction ont été effectuées afin d’assurer la clarté du contenu, tout en conservant les émotions des personnes lors des entretiens.
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“Les opérateurs touristiques doivent être inclus dans la gestion locale des ressources. Il est plus facile de demander de l'argent aux hôtels qu’aux villageois. Je vais utiliser un exemple clair et récent : en 2018, nous avons créé une nouvelle réserve avec FIMIHARA. Elle a été était coûteuse. Nous avons dû payer pour une inauguration, faire venir les autorités et les journalistes et engager un gardien supplémentaire pour travailler tout au long de l'année. Par conséquent, nous nous sommes retrouvés sans ressources financières vers la fin de l’an 2018. La situation a empiré en 2019 et nous n'avons pas pu rester à flot. Notre avons proposé d'augmenter le droit de visite des réserves de Ariary 5.000 (1 euro et 2 centimes) à Ariary 10.000 (2 euros et 40 centimes), en échange de la publicité pour les hôtels. Le fokontany a pris la décision de mettre en œuvre cette décision en septembre, à un moment où je n'assistais pas à la réunion du comité directeur et où aucun hôtelier n'était convoqué. Cette mise en place d’augmentation de prix n’était pas compréhensible pour les hôteliers, puisque cette période coïncidait à la haute saison. Si moi ou un représentant des hôteliers étions présents, nous aurions pu dire : “non, ceci n'était pas faisable. Car une hausse de prix entraînerait une mésentente avec les hôteliers”. Par ailleurs, il devrait y avoir des représentants des opérateurs touristiques à ces réunions car les opérateurs font partie de la communauté locale, et les hôteliers sont, incontestablement, les premiers employeurs de toute la région. Mais vous savez très bien qu'à Madagascar, le passé colonial complique les relations malgaches et françaises. La collaboration ne sera alors possible qu’au dépend d’une confiance mutuelle. Du côté malgache, cela signifie plus d'ouverture et de souplesse dans la définition d’une « communauté » et du côté vazaha, cela demande l’établissement et le maintien d’une confiance à long terme avec les malgaches”.