Le temps du Congrès Mondial pour la conservation avec l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), qui s’est déroulé du 01 au 10 septembre 2016, deux représentants LMMAs, Eric Alson pour le Nord, Roger Samba pour le Sud, se sont envolés pour Hawaï.
Un voyage inédit
Suite à l’invitation de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), c’est accompagné de Vatosoa Rakotondrazafy, coordinatrice nationale du réseau MIHARI, que Eric Alson, le représentant des LMMAs du Nord de Madagascar et Roger Samba, celui du Sud ont embarqué direction Hawaï pour représenter le réseau MIHARI et participer au Congrès Mondial pour la conservation.
Etant deux des Leaders LMMA de MIHARI, ils ont été désignés, pour être les portes paroles de toutes les LMMAs de Madagascar à ce congrès : Eric pour ses 10 ans d'expériences en tant que gestionnaire de la LMMA d’Antanamitarana et Roger en tant que l’un des initiateurs du concept LMMA à Madagascar, à travers la création de la première LMMA de Madagascar: Velondriake.
"Progresser ensemble " : Apprentissage entre pairs
Le congrès mondial de l’UICN a été précédé par le grand rassemblement du E Alu Pū, organisé par KUA Hawaï où une soixantaine de communautés autochtones, impliquées dans la gestion des ressources naturelles se sont réunis du 28 au 31 Août à Kahana.
L’ E Alu Pū qui signifie “ progresser ensemble” est un événement qui a été initié en 2002, avec comme ligne directrice : “ les communautés de Hawaï pourraient s’enrichir en apprenant directement les uns des autres pour mieux restaurer les aires de pontes (malama aina).”
Il a mis en pratique son esprit d’équipe en intégrant les participants à un atelier collectif de restauration des bassins piscicoles marins de “Huilua fishpond” à Kahana. Cet atelier a démontré la capacité de l’être humain à déplacer rapidement des roches volcaniques de grandes tailles grâce à l’organisation et à la volonté de travailler ensemble, en tendant vers un même objectif; chose que ne pourrait accomplir une seule personne.
Roger et Eric ont été très impressionnés par l’attitude des communautés : “ Les malgaches sont des personnes souriantes et accueillantes, mais chez vous, ici, cet état d’esprit est encore plus palpable et est un véritable mode de vie.” note Eric, tout étonné.
Ce grand rassemblement a permis non seulement de tisser des relations entre communautés gestionnaires de ressources naturelles mais a surtout donné l’opportunité à MIHARI d’apprendre l’importance de travailler tous ensemble, en harmonie et de valoriser les us et coutumes traditionnels dans la gestion des ressources naturelles.
C’est avec la joie d’avoir pu participer et appris de cet atelier que Roger, Vatosoa et Eric s’en vont au congrès de l’UICN.
Une reconnaissance et un partage à l’échelle mondiale
Roger et Eric ont été surpris de voir que le concept LMMA n’est pas uniquement un nom utilisé à Madagascar mais est déjà très reconnu et très utilisé au niveau international. Mais, plus encore, ils ont été honorés de constater l’importance que le congrès de l’UICN a accordé à MIHARI et aux LMMAs.
En effet, cette année, le congrès de l’UICN a mis en avant la gestion communautaire. Ce qui a permis au réseau MIHARI de participer a 7 présentations publiques, exposant le grand progrès que Madagascar a fait dans le domaine de la promotion des LMMAs, de un LMMA en 2006 a plus de 70 LMMAs, 10 années plus tard. MIHARI a également partagé les avantages de la mise en réseau des communautés gestionnaires d’aires marines et les activités que le réseau développe pour améliorer la sécurité alimentaire et la subsistance des LMMAs. De ces participations aux présentations sont nés de nouveaux partenariats, tels que l’intégration officielle de MIHARI en tant que membre du Consortium APAC, un réseau international promouvant la reconnaissance et le soutien approprié aux aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire. Nous avons aussi eu l’opportunité de rencontrer certains membres du réseau LMMA du Pacifique.
« En côtoyant les autres LMMAs, nous avons constaté que nous nous complétons tous. Nous avons beaucoup appris des autres LMMAs et réseaux présents mais nous leur avons aussi partagé notre savoir faire. Ce Congrès a mis en lumière les bienfaits de travailler ensemble et renforcera, à coup sûr, l’importance de la participation des LMMAs dans la gestion de ressources marines.», raconte Vatosoa Rakotondrazafy.
Retour à Madagascar avec plus de bagages
De ce congrès ils comptent, chacun à leur manière, transmettre à leurs communautés ce qu’ils ont retenu : « Je compte réunir les communautés à une session de brainstorming pour partager ce que j’ai appris et me pencher sur la manière de les adapter aux LMMAs de Madagascar. Je vais mettre en place des aires de pontes, pour pérenniser nos ressources afin de laisser un bel héritage à nos enfants. », énumère Eric dans un élan du cœur.
Roger, plus organisé, explique un programme qui mêlent assemblée générale, une large diffusion à la radio, dans le journal régional et des visites de LMMAs, avant de conclure, tout
ému : « Être parti là-bas est un grand pas en avant pour nous LMMAs. C’est la voix des communautés que nous avons apportée et transmise. »
Quant à Vatosoa Rakotondrazafy, le travail en équipe initié durant le rassemblement de l’E Alu Pū l’a beaucoup marqué et la pousse à renforcer le lien et la collaboration déjà existante au niveau de la grande famille de MIHARI. “Toutes les bonnes pratiques reçues des différents réseaux de communautés durant ce congrès seront partagées durant les forums régionaux de MIHARI et dans les outils de communication du réseau”.
Tel un voyage initiatique, celui-ci les marquera à jamais et ils tiennent à remercier vivement l’UICN, MIHARI et chacun de leurs communautés pour leur avoir permis de participer à ce congrès, de porter haut la voix des LMMAs de Madagascar à l’échelle internationale et espèrent que ces échanges soient le début d’une longue série !