Le concept LMMA est apparu à Madagascar au début des années 2000 et les communautés du sud font parmi les premiers qui l’a adopté.
Les LMMA ou Locally Managed Marine Areas (Aires Marines Gérées Localement en français) sont des aires marines ou côtières, gérées par les communautés locales dans le but de contribuer à la protection des ressources halieutiques et de la biodiversité marine.
Avec la création du Réseau MIHARI en 2012, les associations de gestion locale et leurs ONG partenaires ont désormais une plateforme où elles peuvent partager leurs expériences, renforcer leurs capacités et trouver des solutions collaboratives.
Allons à la rencontre de trois LMMA situées dans la Région Sud-Ouest de Madagascar: Mamelo Honko, FIMIMANO et Tamia.
Mamelo Honko : Les communautés au cœur de la préservation des mangroves
Il est environ neuf heures à Ambondrolava, dans le Sud de Madagascar quand les membres de Mamelo Honko (littéralement, qui prend soin des mangroves) accueillent l’équipe MIHARI dans leur salle de réunion. Accompagné de quelques-un de ses membres, c’est avec un grand sourire que le président dudit LMMA, Philemon Eugène nous souhaite la bienvenue.
« A Mamelo Honko, comme son nom l’indique, nous préservons les mangroves dans nos activités. Mais nous savons tous que l’être humain est le premier élément de l’environnement donc nous mettons les membres de la communauté en priorité dans nos activités et c’est pour cela que nous nous concentrons également sur les activités alternatives. » entame Philémon Eugène. « Dans ces activités, il y a la production de miel de mangroves qui est tellement appréciée, surtout par les touristes, que nous sommes souvent en rupture de stock. », ajoute Sala, Vice-président à Mamelo Honko.
Mamelo Honko, créée en mars 2010, est une grande communauté de 800 membres venant de 5 villages de la commune de Belalanda. Son ONG d’appui est Reef Doctor. Elle a obtenu le transfert de gestion en juin 2010. Et depuis, à part la sauvegarde et la régénération des mangroves, les membres effectuent des pépinières de palétuviers et des roseaux ou « vondro » et surtout le circuit de mangroves qui attire de nombreux visiteurs nationaux et internationaux. Pour les femmes, il y a également la vannerie où elles confectionnent des paniers et des petits sacs qui sont exposés dans leur centre. C’est à travers ces activités que les membres multiplient leurs sources de revenus. Au bureau de la Commune de Belalanda, l’association a même négocié pour obtenir un point d’exposition et de vente pour avoir beaucoup plus de visibilité.
TAMIA : Le joyau de Saint-Augustin
A une trentaine de kilomètres au sud de Tuléar, au pied des grandes falaises calcaires blanches, à l'embouchure du fleuve Onilahy, se trouve le village de Saint-Augustin. A l’entrée du village, les non-habitués remarqueront sûrement la plaque de la LMMA montrant que la LMMA est partie prenante du développement du village.
Tamia, appuyée par la GIZ, est une association regroupant 9 villages de la commune rurale de Betsinjake, créée en Septembre 2008 pour gérer l’aire protégée de Tsinjoriake. “Nous sommes les gardiens du paysage harmonieux de Saint-Augustin et c’est une très grande responsabilité” témoigne RAZAFIANAKA Augustin, président de TAMIA. “Nous travaillons beaucoup en complémentarité avec l’équipe de la mairie. Ainsi, par exemple notre plan de travail annuel est en harmonie avec celui de la mairie.”
A part la gestion durable des ressources marines et côtières, Tamia a aussi pour mission d’améliorer la vie des membres de la communauté. Ainsi à l’association organise régulièrement des formations en guide et en cuisine. Les membres sont non seulement certifiés à la fin des sessions de formation mais peuvent également augmenter leurs revenus grâce aux nouvelles compétences acquises.
“Etre membres de MIHARI nous ouvre beaucoup de portes en termes de partage. Au dernier Forum National de Fort-Dauphin, trois de nos membres ont pu assister à ce rendez-vous. Par ailleurs, en tant que président, je suis intéressé par les thèmes de bonne gouvernance et c’est à MIHARI que j’en apprends un peu des expériences des LMMA voisines venant des quatre coins de Madagascar” ajoute Augustin.
FIMIMANO
Depuis ses dix-neuf d’existence, la LMMA FIMIMANO (Fikambanana Miaro sy Mampandroso an’i Nosy-Ve ou Association oeuvrant pour le développement de Nosy Ve) a fait du chemin. C’est dans le village d’Anakao, une des destinations touristiques incontournables du Sud de Toliara que se trouve son siège. FIMIMANO, appuyé par SAGE, a débuté avec 45 membres en octobre 1998 et compte plus d’une soixantaine à ce jour.
Les activités concernent surtout la gestion de l’Ile sacrée de Nosy Ve. FIMIMANO effectue également un nettoyage régulier des plages avec l’implication de tout le monde : “A chacune de nos actions, nous engageons nos autorités locales, les chefs de Fokontany et le Maire. Pour ce genre d’activités, depuis ces dernières années nous essayons d’être financièrement autonomes”. La LMMA mise aussi beaucoup sur les sessions de sensibilisation notamment concernant l’utilisation des engins de pêches destructeurs et le retournement de coraux qui peuvent conduire à leur blanchiment. “Nous ne pourrions certainement pas éradiquer ces pratiques mais nous avons remarqué que depuis, le phénomène est en baisse.” explique Hermany.
“Depuis que nous sommes à MIHARI, nous avons beaucoup d’opportunités d’échange d’expériences en matière de gestion de ressources marines.”
Lors du quatrième Forum National MIHARI à Fort-Dauphin, Hermany Emoantra, actuel Président de MIHARI, a été élu premier président du bureau national. Preuve que la LMMA est un berceau de leaders remarquables!
De nombreuses LMMA des quatre coins de Madagascar contribuent au développement local du pays. Grâce à leur volonté et leur solidarité, elles sont des actrices majeures dans la gestion des ressources marines. Voilà de beaux exemples d’éradication de la pauvreté à travers des initiatives locales.