Situé dans la province de Mahajanga, le site bioculturel d’Antrema, classé station forestière en 2000 puis aire protégée en 2015, s’étend sur un parc marin de 1 000 hectares. C’est un refuge pour une incroyable biodiversité, abritant des forêts sèches, des mangroves, et des lacs d’eau douce qui nourrissent six espèces de lémuriens, 107 espèces d’oiseaux et 140 espèces végétales, dont 76 % sont endémiques à Madagascar. Pour les communautés locales, ce patrimoine représente bien plus qu’une richesse naturelle : c'est aussi une source d’autonomie économique, avec des revenus de près de 60 000 USD générés chaque année par la pêche durable et la gestion collaborative de leurs ressources.
Un trésor de biodiversité en péril
Face aux défis de la déforestation, des feux de brousse et de la pêche illégale, les habitants d’Antrema ne restent pas inactifs. Ils ont créé l'association « Antrema Miray » (« Antrema Solidaire ») pour assurer une gestion partagée et protectrice du site. En collaboration avec le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), l’association a instauré des pratiques de conservation et mis en place des interdictions pour protéger les ressources, comme l’interdiction de la pêche de nuit et la chasse aux lémuriens.
Écotourisme et conservation marine portés par les femmes pêcheuses
À Antrema, les femmes, souvent mariées à des pêcheurs ou pêcheuses elles-mêmes, jouent un rôle central dans la promotion d'une gestion durable des écosystèmes marins. Sensibles à la vulnérabilité accrue de cet environnement due à la surpêche et au changement climatique, elles diversifient leurs sources de revenus en adoptant des pratiques à faible impact écologique. Ainsi, à travers ces initiatives à la fois économiques et respectueuses de l'environnement, elles stimulent le tourisme local tout en contribuant à la préservation de l’écosystème. L'exploitation du palmier satrana (Bismarckia nobilis) en est un bon exemple. Cette espèce emblématique de Madagascar, qui abonde à Antrema, est transformée en paniers et tapis artisanaux appréciés des visiteurs. En parallèle, la production de sel et l'apiculture, encouragées par ces femmes, illustrent leur engagement en faveur d'une économie circulaire et durable.
Grâce au soutien du programme Ocean Innovation Challenge de l'UNDP, le projet d’écotourisme marin et côtier durable d'Antrema se distingue comme un modèle de valorisation des ressources naturelles et culturelles locales, tout en promouvant l’autonomisation économique des femmes pêcheuses. Ce programme vise à former les femmes aux techniques de guidage et d'accueil, en aménageant des infrastructures touristiques durables pour enrichir l’expérience des visiteurs. L’acquisition d’équipements essentiels pour les activités maritimes et les services touristiques leur permet de s'impliquer pleinement et de développer leurs compétences professionnelles. Par des actions de promotion ciblées, l’attractivité du site est renforcée, impliquant directement les femmes et la communauté dans la gestion et la durabilité des activités écotouristiques. En devenant ambassadrices de la biodiversité et du patrimoine d’Antrema, ces femmes jouent un rôle clé dans la préservation de cet écosystème unique, tout en améliorant leur revenu et leur qualité de vie.
Antrema a un héritage culturel très riche et il est primordial de le préserver… C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis convaincue de mon engagement dans le tourisme, pour célébrer notre patrimoine et le faire découvrir aux visiteurs. - Soariziky Angeline, 29
Grâce à leur savoir-faire et à leur détermination, les femmes d’Antrema ouvrent la voie vers un modèle de gouvernance durable des aires marines, tout en préservant les ressources naturelles et en mettant en valeur le patrimoine exceptionnel de Madagascar. Leur engagement inspire une nouvelle génération de leaders communautaires et prouve qu’un tourisme responsable peut devenir un véritable levier pour l'autonomisation des femmes. En alliant tradition et innovation, les femmes d’Antrema montrent que la préservation de l’environnement et le développement économique peuvent aller de pair pour construire un avenir plus équilibré et respectueux de la biodiversité si unique de Madagascar.