Pour la troisième fois, le réseau MIHARI a été au Symposium scientifique de la Western indian Ocean Marine Science Association (WIOMSA). Après l’édition de 2015, de 2017, MIHARI a été représenté au onzième symposium qui s’est tenu à Maurice du premier au six juillet 2019 par Prisca Ratsimbazafy.
Environnementaliste, passionnée de nature, Prisca nous partage son parcours et nous raconte son séjour à l’Île Maurice.
Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours
Je m’intéresse à tout ce qui est en rapport au bien-être de notre environnement. Je suis née et ai grandi à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Après mon baccalauréat en 2013, j’ai eu l’opportunité de poursuivre mes études aux Etats-Unis d’Amérique, à l’Université de Lafayette où j’ai obtenu le Bachelor Science en Science de l’environnement au terme de quatre années d’étude. Je suis revenue à Madagascar en 2017 et ai exercé en tant que consultante chez Wildlife Conservation Society, où j’ai participé à l’organisation d’un atelier de suivi et évaluation sur les herbiers marins avant d’intégrer MIHARI en tant que stagiaire. Après cela, j’ai été recrutée en tant que Responsable des bases de données du réseau MIHARI, un poste où j’évolue et apprends tous les jours.
Pour vous, quels ont été les défis et les motivations qui vous ont poussé à choisir le domaine de l’environnement ?
J’ai toujours voulu faire quelque chose pour l’environnement à Madagascar. J’adore les forêts, je me suis toujours intéressée à la reforestation et je suis convaincue que ceci était ma voie professionnelle. Après mes études ainsi que mes interventions auprès de WCS et de MIHARI, j’ai découvert le volet marin de l’environnement, pour moi il n’y avait pas eu de doute, j’ai tout de suite été séduite.
Stage de 6 mois chez MIHARI. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué?
Le stage chez MIHARI m’a beaucoup apporté professionnellement. Travailler avec les partenaires, apprendre sur les communautés côtières de Madagascar sont autant de nouveaux horizons que j’ai connus avec ce grand réseau. Sans avoir connu préalablement ce qu’est une LMMA, je suis maintenant consciente de son importance ainsi que la connaissance des informations sur ces LMMA dans le cadre de la gestion des ressources et des communautés. Les efforts déployés par les communautés ainsi que les organisations partenaires sont toujours à renforcer afin de répondre aux exigences de la conservation et la gestion des ressources marines et du développement durable.
En quoi est ce que la base de données pour les LMMA est-elle importante à Madagascar?
Auparavant, les LMMA opéraient séparément. Leurs actions et caractéristiques étaient méconnues. Désormais, avec le rassemblement des données par le réseau, nos organisations partenaires et nos leaders LMMA auront une meilleure compréhension des activités des LMMA à travers le pays. Les organisations partenaires pourront optimiser leur collaboration avec les dirigeants des LMMA (ou associations), notamment en ce qui concerne les échanges de bonnes pratiques. Grâce à ces échanges, la préservation des ressources marines est renforcée et les efforts que chaque leader LMMA et partenaire investit dans les LMMA sont dorénavant mesurables et peuvent être répliqués ailleurs.
Racontez-nous votre participation au Symposium scientifique WIOMSA 2019
Le Symposium WIOMSA 2019 est un des grands rendez-vous de divers acteurs du monde de l’environnement marin (étudiants, chercheurs scientifiques et de professionnels). L’engagement de tous les acteurs afin de réaliser des avancées pour la bonne gestion des ressources marines de la région ouest de l’Océan Indien a été fascinant. Des thèmes primordiaux, portant notamment sur les récifs coralliens, les mouvements des courants dans l’océan ou encore les pollutions plastiques ont été discutés dans les différentes sessions du symposium. Pour la part du réseau MIHARI, j’ai eu l’opportunité de partager nos travaux sur les bases de données et la définition des critères d’une LMMA à Madagascar.
C’est ma toute première visite à l’Ile Maurice. J’ai retrouvé un air de Madagascar. C’est une île vraiment intéressante que je revisiterai sûrement. En bref, les six jours de visite ont été pour moi un tremplin dans le monde scientifique marin. Je suis également fière d’avoir été en quelque sorte une ambassadrice du concept LMMA dans un grand rendez-vous comme le symposium WIOMSA.
Quel thème vous a particulièrement marqué ?
Un chercheur dénommé Chris Golden a exposé son thème portant sur la corrélation entre la diminution du stock de poissons et la santé de la population sur le côte Est malgache. Ses résultats de recherche m’ont marqués car ils ont expliqué clairement l’interdépendance entre la santé et l’environnement, de plus dans un cadre malgache et dans des LMMA membres du réseau MIHARI. Dans la vidéo de présentation des résultats, le Président régional Nord-Est, Freddy Velozandry, a été interviewé. J’ai été ravie de retrouver des visages qui me sont familiers.
Pour en revenir aux travaux du réseau MIHARI sur les bases de données et les critères de définition de ce qu’est une LMMA à Madagascar, comment est-ce que les participants ont pris l’exemple du pays ?
Le concept a définitivement intéressé. Les participants avec lesquels j’ai discutés, ont été curieux sur la méthode de collecte et l’accessibilité des données de MIHARI. J’ai été ravie d’aborder la synergie, unique en son genre, entre toutes les organisations partenaires de MIHARI, les partenaires institutionnelles et bien sûr les gestionnaires LMMA pour lesquels nous travaillons au quotidien.
Concernant le guide de référence LMMA à Madagascar, qui est toujours en cours d’élaboration au sein du réseau MIHARI, il a reçu de bons retours aussi bien sur sa forme que sur son contenu.
Je crois que pour un grand pays comme Madagascar avec plus de 5.000 kilomètres de côtes, nous avons beaucoup de bonnes pratiques à partager.
Quelles sont vos perspectives pour la base de données de MIHARI après votre participation au WIOMSA ?
Toutes les parties prenantes du réseau sont en plein travail sur comment définir ce qu’est une Aire Marine Gérée Localement à Madagascar. Comme je l’ai mentionné plus haut, ce guide de référence sur la définition d’une LMMA est en cours de finalisation en ce moment. Ce sera une grande première pour Madagascar. C’est tout un processus que nous effectuons main dans la main avec les communautés gestionnaires de LMMA, les organisations partenaires ainsi que les administrations concernées qui nous sont d’une aide précieuse.
Entre temps, nous avons déjà diffusé une restitution des données sur les LMMA à Madagascar. Nous avons produit une visualisation simple et visuellement agréable afin de permettre à un grand public de comprendre l’importance des LMMA dans la gestion durable des ressources marines à Madagascar.
Chez MIHARI, nous reconnaissons que notre mission de faire entendre la voix des petits pêcheurs est urgente et ambitieuse. Pour moi, c'est à la fois un défi et un honneur de contribuer au travail de MIHARI afin de remplir notre mission.
Prisca Ratsimbazafy expliquant son poster lors du WIOMSA